Une opportunité face à la pénurie de logements à Genève ? Avec un taux de vacance des logements à Genève avoisinant 0,37 % et une pénurie chronique de biens habitables, la question de la reconversion des bureaux en logements se pose naturellement. D’autant plus que la vacance des surfaces administratives avait presque doublé en une année en 2023, atteignant 315 000 m². Un paradoxe apparent qui alimente le débat : pourquoi ne pas transformer ces espaces inutilisés en résidences pour les Genevois en quête de logements ? Des initiatives politiques ont émergé en ce sens. En septembre 2023, une motion avait été déposée au Grand Conseil genevois pour inciter financièrement cette mutation. L’idée ? Offrir des soutiens financiers aux propriétaires prêts à transformer leurs bureaux vacants en appartements. De plus, en 2024, une autre initiative avait été adoptée, visant à reconvertir plusieurs bâtiments administratifs appartenant à l’État en logements, notamment dans la Vieille-Ville. Cependant, malgré ces intentions, peu de projets ont réellement vu le jour. La principale raison ? Une rentabilité incertaine pour les propriétaires. En effet, les loyers d’habitation sont souvent inférieurs aux loyers commerciaux, ce qui freine l’intérêt des investisseurs. De plus, les coûts de transformation sont très élevés, oscillant entre 400 et 2'000 CHF par m², en fonction des travaux nécessaires.
Obstacles techniques, financiers et réglementaires Au-delà de la question financière, les contraintes techniques et administratives sont nombreuses. Transformer un bureau en logement ne se résume pas à un simple aménagement intérieur. Il faut prévoir des modifications structurelles : Création d’espaces de dégagement, Ajout de salles de bains et de cuisines, Adaptation des accès et des sorties de secours, Isolation acoustique et thermique selon les normes en vigueur. À ces contraintes techniques s’ajoutent les obligations légales. Les autorités genevoises imposent le respect strict des plans localisés de quartier (PLQ), des normes énergétiques, ainsi que des réglementations de protection contre le bruit. Ce cadre législatif restreint fortement la faisabilité des projets, rendant certaines conversions impossibles sans une révision des plans d’aménagement. Malgré ces défis, certains acteurs tentent de relever le pari. C’est le cas d’AXA Suisse, qui a récemment transformé trois bâtiments de bureaux en 228 appartements à Genève. Toutefois, ce type d’initiative reste marginal et ne suffit pas à combler le déficit de logements. Pour que la reconversion devienne une solution viable, des réformes sont nécessaires. Il faudrait assouplir les contraintes réglementaires, proposer des incitations fiscales plus attractives et favoriser des partenariats public-privé pour amortir les coûts. Sans ces mesures, la transformation de bureaux en logements restera une solution marginale face à la crise du logement genevoise.